Lors du dernier Sommet Etats-Unis / Afrique en août dernier, le président Barack OBAMA a invité les différents Chefs d’Etat d’Afrique à un dîner offert à la Maison Blanche. Alors que la plupart des dignitaires africains étaient accompagnés de leurs épouses, le Président Rwandais, Paul KAGAME est venu, accompagné de sa fille Ange KAGAME.

Ange Kagame (en robe blanche) a accompagnée son père lors du dernier Sommet Etats-Unis / Afrique en août dernier
Ange Kagame, véritable philanthrope âgée de 21 ans, représente parfaitement la prochaine génération de dirigeants africains. Cette génération qui est prête à prendre le relais pour développer et façonner ce continent prometteur, malgré sa longue histoire de pauvreté, de conflits et d’insécurité.
Fidèle à la thématique du Sommet, Ange Kagame voudrait s’investir dans l’avenir grâce notamment à sa passion pour l’éducation, la santé et l’autonomisation des femmes rwandaises.
Le journaliste, Rolf Rosenkranz (DEVEX) s’est entretenu avec la jeune diplômée en Sciences Politiques afin d’avoir sa vision pour l’avenir de l’Afrique et de savoir comment elle compte obtenir, de ses pairs, un engagement pour le développement international.
INTERVIEW :
R.R. : – Quelles sont les compétences indispensables que doivent avoir les jeunes pour devenir des leaders efficaces ?
A.K. : -Tout d’abord, nous devons arriver à ce que l’éducation ne soit plus un privilège pour certains, mais un droit pour tous. Le droit à l’éducation doit permettre, à l’échelle mondiale, l’égalité des chances pour les jeunes, d’où qu’ils viennent, à développer leurs compétences afin de contribuer à la construction de leur pays tout en étant présents sur la scène mondiale.
R.R. : -Les jeunes peuvent-ils exprimer leurs propres opinions, même si celles-ci sont à contre-courant et peuvent être interprétées comme étant perturbatrices ?
A.K. : -Bien évidemment. Nous vivons actuellement dans un monde axé sur les médias sociaux. Bon nombre d’entre nous avons accès à Twitter, Facebook et autres médias sociaux ce qui nous rapproche considérablement de tout ce qui se passe dans le monde.
Le second avantage des médias sociaux c’est de pouvoir donner à ceux qui le désirent, et en particulier aux jeunes, une caisse de résonance afin de leur permettre d’exprimer leurs différents points de vue. Ils peuvent également participer à des débats et suivre de façon plus précise les questions qui les intéressent plus spécialement.
R.R. : -Quel est le rôle que seuls les jeunes sont capables de jouer dans un gouvernement ?
A.K. : -Au Rwanda, les jeunes représentent 70 % de la population. A plus grande échelle, le continent africain est celui le plus peuplé du monde avec 200 millions de jeunes âgés entre 15 et 24 ans. Cette situation est un véritable défi, mais plus encore, une belle opportunité car ce phénomène apporte une plus grande main-d’œuvre dynamique pour un énorme avantage économique. Malgré les obstacles tels que le chômage, la jeune population de l’Afrique continue de montrer le potentiel des jeunes entrepreneurs innovants pour une véritable transformation économique.
Cette situation donne aux jeunes une véritable responsabilité mais également une obligation de s’approprier le processus de développement de leurs pays respectifs.
R.R. : -Quel est votre vision pour le développement du Rwanda et de l’Afrique en général ? Pensez-vous qu’elle soit différente de la vision qu’ont vos parents ou les autres rwandais de votre âge ?
A.K. : -Ma vision pour le Rwanda et ma vision pour l’Afrique sont étroitement liés. J’espère que cette génération pourra vivre dans une Afrique autonome et stable. Nous devons commencer à montrer une image de réussite plutôt que les images négatives habituelles de l’Afrique (la pauvreté, les guerres, les maladies, etc…). Nous devons continuer à travailler pour devenir un continent développé et industrialisé afin de voir une majorité de pays émergés. Une telle transformation a été possible avec les pays d’Asie du Sud qui étaient encore considérés, il y a peu, comme des pays du « tiers monde ». La même évolution est tout à fait possible en Afrique.
La génération de nos parents et la nôtre ont grandi dans des circonstances totalement différentes. Nos parents sont nés dans des moments difficiles de l’histoire de notre pays et ont été contraints à l’exil à un très jeune âge. Ils ont dû se battre pour leur pays et leur identité.
R.R : -Quels étaient les points de vue qui divergeaient le plus au sujet du développement entre votre vision et celle de vos parents ? Y avait-il un décalage entre les visions pour l’avenir, des générations plus âgées et celles des plus jeunes ?
A.K. : -Le cas du Rwanda a prouvé que les progrès réalisés n’ont rien à voir avec une éventuelle vision différente des jeunes par rapport aux anciens. Au lieu de cela, il s’agit de tirer parti des atouts apportés par les uns, comme par les autres.
La transformation du Rwanda durant ces deux dernières décennies est le résultat d’un pays avec des jeunes qui ont refusé d’accepter le statu quo et exigé toujours plus pour, et par eux-mêmes. Évidemment, ce progrès est forcément aussi le résultat de l’apprentissage de l’ancienne génération ainsi que le renforcement de nos pratiques historiques afin de trouver les solutions les plus pertinentes.
C’est seulement grâce à une combinaison entre les jeunes et les plus âgés, entre le traditionnel et le modern que nous pouvons offrir un autre avenir à la prochaine génération qui la mérite.
R.R. : – Que voudriez-vous dire aux jeunes de votre âge afin de les inciter à atteindre leur plein potentiel ?
A.R. : -Pour ma part, je vis à travers le mantra qui dit ceci : « Ne jamais rien faire avec la moitié de son cœur ». Vous ne devez pas devenir un « spécialiste » en tout, mais vous devez trouver ce qui vous passionne, ce que vous aimez, ce qui vous empêche de dormir la nuit…et puis, réalisez-le ! Efforcez-vous d’être le meilleur dans ce domaine. Ne vous arrêtez jamais. Donnez le maximum.